Mercredi 13 janvier, 22 h.
On attend pour jouer notre demi-finale du tournoi de volley (eh oui, on est bons...). Je discute avec un coéquipier qui me conte ses mésaventures avec l'ordinateur flambant neuf acheté après le Forum de Bourgoin chez un revendeur de la région avec lequel on ne se fâchera pas tout de suite (on ne peut pas être au top tout le temps...) Plantages à répétition, carte mère défaillante, pilotes de périphériques endommagés, dépannages hors délais, relationnel déplorable: tout y passe. Il avait pourtant tout de l'acheteur idéal, mon pote. Débutant en informatique, motivé, bon client (en plus de la machine et d'un écran de bonne taille, il a pris une imprimante, un scanner, un modem et un graveur de CD) et doté d'un flegme qui ferait pâlir (si cela était possible) un anglais de bonne souche, il en est arrivé à se surprendre à élever la voix lors d'un énième appel au magasin pour se faire dépanner: en effet, le correspondant l'avait sermonné parce qu'il avait appuyé sur une touche du clavier, alors qu'il avait été invité à le faire par la machine elle-même!
Samedi 16 janvier, 16 h 30.
On invite des copains à venir partager la tartiflette qui va bien après un samedi vaqué et ensoleillé à la neige. Quelle n'est pas notre surprise quand notre amie nous demande de l'excuser si elle vient un peu plus tard, pour cause de réinstallation de tous ses programmes sur sa machine qui a littéralement scratché après à peine quelques mois de fonctionnement, emportant avec elle des heures de travail pas toujours sauvegardé...

La morale de ces deux petites histoires, parce qu'il faut bien qu'il en ait une, surtout pour ces constructeurs ou revendeurs qui prennent leurs clients pour des porte-monnaies ambulants totalement dénués de cervelle, est triple.
Primo: l'informatique peut s'avérer dangereuse. En effet si mon pote s'est mis en colère, le connaissant, je défie quiconque de garder son calme dans de telles circonstances... Alors gare aux drames dans les magasins de micro !
Secundo: la plupart des acquéreurs de micros doivent être trop demeurés pour accéder aux "joies" de l'informatique. Ou alors peut-être bien que ce sont les machines qui sont mal conçues: trop complexes, instables, capricieuses, ne seraient-elles pas finalement atteintes d'un syndrome de mimétisme par rapport à leurs créateurs, les humains ?
Tertio: si maintenant l'informatique se met à se mêler des bouffes entre potes ...

PG

PS (1): quoiqu'il en soit, il semble que, et ce malgré tous les tapages de ventres actuels, nous en sommes encore au Moyen-Age de la micro et qu'il n'est pas encore là le temps où les machines s'allumeront instantanément, sauvegarderont, enregistreront simplement et ne décideront pas subitement et régulièrement de cesser tout service pour de mystérieuses raisons etc ...
PS (2): on a perdu la demi-finale de notre tournoi. Et si le malin avait fait en sorte de nous punir pour tant de médisance...
PS (3) on a bien mangé notre tartiflette et, accompagnée d'un petit St Véran, elle était vraiment excellente !

article paru en janvier 1999